Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury, un académicien

 

 

 

Alfred-Auguste naquit le 27 ventôse an X (18 mars 1802). Il était le frère de Joséphine Laure. C’était donc un oncle de Jules Cuvillier-Fleury et un homme qui joua un rôle très important dans la vie de ma grand-mère.

 

En 1813, Napoléon lui accorda une bourse au lycée impérial Louis-le-Grand  où il fit de brillantes études. Grâce au duc de Feltre qui était intervenu pour lui obtenir la possibilité de poursuivre son cursus, cette bourse fut confirmée par Louis XVIII et il eut à 17 ans le prix d’honneur de rhétorique au concours général. Cette récompense lui valut d’attirer  l’attention de l’ancien roi de Hollande, Louis Bonaparte, comte de Saint-Leu qui lui offrit une place de  secrétaire. Le malheureux rentra donc dans le moule de son père et rejoignit le roi de Hollande en Italie. L’argent, dans la famille Cuvillier-Fleury, était en effet rare et Alfred-Auguste, un homme de devoir. Il tint à subvenir aux besoins des siens et le fit avec beaucoup de constance.

Pendant ses études, il s’affilia un temps aux carbonari avec un de ses amis, M. de Montalivet, . Faute de jeunesse qui le faisait trembler et qui fut vite oubliée …

Avec Louis de Hollande, il voyagea un peu partout en Italie, allant de Rome, à Florence, puis de Florence à Naples . Pendant son séjour en Italie, il se lia d’amitié avec le fils aîné du roi Louis, le frère du futur empereur Napoléon III.  Cependant sa vie de secrétaire de l’ex-roi de Hollande n’était pas rose. En effet, l’ancien souverain avait la manie de composer des vers pendant la nuit et de le réveiller  pour lui dicter impitoyablement les alexandrins nouvellement éclos dans sa tête… Lassé de tant de poésie,  Alfred-Auguste réclama enfin sa liberté et reprit le chemin de la France.

Revenu à Paris, il devint directeur général des études au collège Sainte Barbe de 1823 à 1827. La même année,  M. Trognon, précepteur du prince de Joinville, recommanda son ancien élève, Alfred Auguste au futur roi Louis-Philippe. Ce fut la chance de sa vie puisque le duc d’Orléans lui confia l’éducation de son quatrième fils, le duc d’Aumale. Il en sera plus tard secrétaire des commandements.

La tâche  n’était pas que d’instruction. Il devait aussi faire l’éducation de ce prince. Le matin, il conduisait son élève dans le parc de Neuilly pour une promenade à cheval pendant laquelle il continuait la leçon commencée plus tôt. Botte à botte, sous les arbres, ils parlaient histoire et philosophie. Plus tard, il eut un regard attentif sur les études du duc d’Aumale à Louis-le-grand et veilla à ses résultats scolaires et à son comportement vis-à-vis de ses camarades.

Le duc d’Aumale avait beaucoup d’affection pour son précepteur et se risqua même à le caricaturer. Ce regard éducatif avait d’heureux effets sur lui . On connaît la personnalité hors du commun dont il fera preuve plus tard.

Alfred-Auguste s’attacha à la famille d’Orléans et ne la quitta plus jamais, même dans l’exil, après 1848, puisqu’il fit bien souvent le voyage en Angleterre pour y rencontrer et réconforter les ex-souverains. Il entretint toute sa vie une correspondance suivie avec le duc d’Aumale qu’il affectionnait comme le fils qu’il n’avait pas eu. Sa correspondance avec lui ainsi que son journal qui furent publiés à plusieurs reprises donnent un éclairage singulier sur la vie à la cour et les événements du temps.

Parallèlement, il tenait la chronique au Journal des Débats où il défendait la politique de Louis-Philippe. Il se voulait aussi chroniqueur anecdotique. Ainsi dans ses Voyages et voyageurs, il raconta son excursion à Anvers en chemin de fer, il se fit aussi l’historiographe du camp de Fontainebleau  et donna une description très divertissante de  l’apparition des Indiens Ioway aux Tuileries.

En 1830, il préfaça les Mémoires du Comte de Lavalette dont la femme, Emilie de Beauharnais, était marraine de sa sœur. Comme lui-même avait eu pour maîtresse Joséphine de Forget, leur fille, la boucle est bouclée !

Mais voici qu’il tomba très sérieusement amoureux d’Henriette Thouvenel, fille d’un général d’artillerie. Il lui fit une cour effrénée et se désespérait lorsqu’il devait laisser « la charmante » à Paris parce qu’il suivait le duc d’Aumale. Le 15 juillet 1840, il l’épousa.  Il naquit de ce mariage deux filles dont l’une sera la marraine de ma grand-mère.

Même s’il le fit dans la discrétion la plus totale, il protégea toute sa vie ses nièces et en particulier ma grand-mère à laquelle il donna des subsides pour acheter le terrain du 94 avenue de Versailles sur lequel elle fit édifier un immeuble que plus j’habiterai un temps avec une de mes soeurs.

Après la révolution de 1848, il devint l’un des principaux rédacteurs du Journal des Débats. Poussé par Guizot, il fut élu à l’Académie Française le 12 avril 1866, en remplacement d’André Dupin.

Tout en continuant à écrire des articles (il dictera le dernier le 29 janvier 1885), il se retira au 4 de l’avenue Raphaël en avril 1863 et y mourut le 18 octobre 1887, presque aveugle. Ce fut sa fille, Madame Tiby, qui versa aux Archives Nationale sa correspondance et fit publier  son Journal Intime et sa Correspondance avec le Duc d’Aumale.

Monique Etivant

 

 

Principales oeuvres

1851 : Portraits historiques et révolutionnaires, in 12

1854 : Études historiques et littéraires, voyages et voyageurs

1855 : Nouvelles études historiques et littéraires

1859 : Dernières études historiques et littéraires, 2 vol

1863 : Historiens, poètes et romanciers, 2 vol.

1865-1868 : Études et portraits, 2 vol.

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3 commentaires pour Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury, un académicien

  1. hors les murs dit :

    billet simple à comprendre, court et précis ! Merci à toi !

  2. Cesbron Jean Gaël dit :

    bonjour
    mon épouse Marie LAURE Gras est une descendante de Jean-Louis Cuvillier Fleury
    elle est la cousine de Anne Marie Badolle
    nous avons de notre coté étudié la vie de cet ancêtre au triste destin
    Louis lui décerna le titre de Chevalier de l’Ordre de l’Union que Napoléon transformera en ordre de la Réunion ce qui lui confère le titre de Chevalier de l’Empire
    A étudier : puisque au début son nom s’écrivait CUVILLER peut il être le même que ce CUVILLER qui fut Vainqueur de la Bastille Ce qui expliquerait son engagement dans le 1 er bataillon de Volontaires ?

    • etivant dit :

      Bonjour,
      Veuillez excuser cette réponse si tardive. Je n’avais pas vu votre message (je vais rarement sur mon blog Cuvillier-Fleury).
      Je ne savais pas qu’il y avait un Cuviller vainqueur de la Bastille ! Je savais que Louis roi de Hollande avait demandé à Napoléon d’octroyer à J-L Cuvillier-Fleury l’ordre de la L.H. et que Napoléon avait refusé. Je ne savais rien pour l’ordre de l’Union !
      J’ai reçu de notre cousine commune un coup de téléphone au cours duquel elle m’a parlé de vous. Comme j’ai des documents à lui communiquer, c’est avec plaisir que je vous les enverrai en même temps par mail.
      Cordialement
      Monique Etivant
      Cordialement

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