Jules Cuvillier-Fleury

Jules Cuvillier-Fleury (1829-1919)

C’était le père de ma grand-mère. Il naquît le 2 Août 1829 à Paris au  5 rue des Batailles. Son acte de naissance porte la mention « de père inconnu ». Sa mère, Joséphine Laure Cuvillier-Fleury, était alors âgée de 29 ans.

Le 29 septembre 1840, il avait donc tout juste 11 ans lorsqu’il eut le malheur de perdre sa mère. Il fut alors pris en charge pour son éducation par Hyacinthe Acollas, son père naturel.

Après avoir été élève au collège Saint Louis, à 20 ans il s’engagea le 10 novembre 1849 comme soldat  dans l’armée (la 25è de ligne). Un an après il fut admis à Saint Cyr en tant que boursier.

Voici un extrait de la demande de bourse que Hyacinthe Acollas fit pour lui : « Le jeune Cuveiller-Fleury (sic) en perdant sa mère dont il est le fils naturel et unique est resté sans aucune autre ressource que les 400 F indiqués ci-contre. C’est M. Acollas qui a continué à subvenir au paiement de sa pension, à ses besoins comme au paiement de son trousseau à St Cyr, dépenses qu’il a fait avec désintéressement mais ayant lui-même subi de graves revers de fortune depuis 1848, il ne pourrait continuer, ce serait donc pour le candidat une bonne fortune que l’obtention de cette bourse, déjà il a montré qu’il en serait digne. »

En effet, Pierre Hyacinthe Acollas avait subi de graves revers de fortune ! La révolution de 1848 marqua la fin du règne de Louis-Philippe. La guerre civile avec ses barricades commencèrent le 22 février. La Bourse subit une chute vertigineuse, la rente à 5% passa de 116 F à 50 F, le 3% descendit de 73 F à 32 F. L’État fut en cessation de paiement des rentes. On se battait aux portes des caisses d’épargne. Les riches envoyaient leurs domestiques vendre leurs bijoux, leurs objets d’art. La foule stagnait des heures entières devant la Banque de France pour échanger des billets contre des pièces d’or. Une loi obligea les propriétaires qui d’ailleurs ne touchaient plus leurs loyers, à payer leurs contributions par avance avec une taxe exceptionnelles de 45%. On peut en effet comprendre ce que dit M. Acollas lorsqu’ il parle de revers de fortune !

Jules Cuvillier-Fleury obtint donc sa bourse à Saint-Cyr. Le 1er octobre 1852 il devint sous-lieutenant, puis lieutenant le 28 avril 1855. Six ans après on le retrouve en uniforme de capitaine.

De 1864 à 1870, il fit campagne en Afrique. En 1869, il était à Alger et demanda la main de Caroline Emilie LEGRIS qui était la fille d’un receveur des contributions. Il avait alors 40 ans. L’armée, comme c’était l’usage, fit alors un rapport sur la future épouse :« La future, dont le père … est d’une honorabilité parfaite,  est bien élevée et de mœurs irréprochables, la fortune de M. Legris consiste en titres solides au porteur et nominatifs dont il est à même de prouver la possession personnelle et qui lui permettent largement de constituer à sa fille la dot réglementaire de 24 000 Frs. »

On croit rêver …

Caroline Legris

Caroline Legris


Le 26 juillet 1870, il revint en métropole avec sa jeune épouse pour participer à la guerre contre les Allemands … dix jours après il fut blessé à la mâchoire, mais il continua à se battre. Il fut fait prisonnier à Sedan le 2 septembre 1870. Le 24 décembre de la même année, il reçut « en cadeau de Noël » …ma grand-mère qui avait choisi le réveillon et le siège de Paris pour faire son apparition.

Enfin libéré le 4 avril 1871, on peut penser qu’il allait enfin jouir des joies familiales quelque temps. Que nenni ! On lui donna  une petite quinzaine de jours pour vivre en famille, et il repartit  en Afrique pour un an !!!

Il fut promu chevalier de la Légion d’Honneur en août 1870 puis officier en 1881, ce qui lui permit d’avoir une pension annuelle de 500F…

Il eut encore quatre enfants : Maurice (1873), Henri Albert (1875), Robert (1878) et Jeanne en 1882 (c’est elle qui sera à l’originr de la famille Gerbaux par son mariage). Il avait une nombreuse famille et n’avait pas de gros revenus. Comme jadis son père naturel, il demanda une bourse pour l’entrée de son fils Maurice à Saint-Cyr. À force de volonté et de bonne gestion pécuniaire, tous ses enfants obtinrent un bon niveau d’études : Henri et Robert firent un doctorat de droit, ma grand-mère fut élève à Saint-Denis, tante Jeanne vraisemblablement aussi.

Maurice HenriRobert Jeanne2

Après avoir quitté l’armée, en 1872, Jules devint receveur des finances. On le retrouve percepteur à Montpellier en 1882, puis administrateur du sous-comptoir des entrepreneurs et de la compagnie d’assurance Le Patrimoine.

22 rue Gay-Lussac Paris 5e, domicile parisien des Cuvillier-Fleury

22 rue Gay-Lussac Paris 5e, domicile parisien des Cuvillier-Fleury

Dans sa vieillesse, il restait un homme fort robuste. D’un caractère heureux et tourné vers les autres, il entretenait avec ses collègues  du Patrimoine d’excellents rapports .

Cet homme courageux et joyeux mourut en son domicile 22 rue Gay-Lussac à Paris le 5 février 1919. Il était âgé de 90 ans ou presque, ce qui était un bel âge pour l’époque. Ce fut le duc de Levis-Mirepoix qui fit son éloge devant le conseil d’administration de la compagnie d’assurance du Patrimoine.

hommage jules

Hommage par le duc de Levis-Mirepoix

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